Journée de présentation de la Conférence canadienne de recherche sur l’arthrite – 5 février 2021

Les huit résumés gagnants

Etienne Doré

Une enzyme endogène influence la gravité de l’arthrite par son interaction avec la flore intestinale

Résumé

Contexte : La polyarthrite rhumatoïde est une maladie systémique auto-immune caractérisée par une inflammation articulaire et une érosion des os et des cartilages. Malgré sa prévalence, son étiologie nous échappe toujours. Curieusement, de plus en plus de données suggèrent que la flore intestinale (le microbiote) jouerait un rôle important dans la pathogénie de la polyarthrite rhumatoïde. Comme les patients présentent une altération du microbiote, nous étudions des protéines intestinales endogènes capables de causer un déséquilibre microbien, un processus connu sous le nom de dysbiose. L’une des protéines candidates est la phospholipase A2-IIA sécrétée (sPLA2-IIA), une enzyme bactéricide qui hydrolyse les phospholipides des membranes bactériennes. Des concentrations élevées de sPLA2-IIA sont observées dans le sang et le liquide synovial des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. De plus, la surexpression de la sPLA2-IIA humaine (sPLA2-IIATGN) chez des souris transgéniques les rend plus susceptibles de développer de l’arthrite que les souris contrôles (de type sauvage) ne produisant pas l’enzyme.

Conclusions : Nos résultats indiquent que la sPLA2-IIA pourrait contribuer à l’arthrite inflammatoire par son interaction fonctionnelle avec le microbiote et le lipidome associé. La modification de ces interactions pourrait mener à la découverte de nouvelles cibles pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

Biographie

Etienne Doré est étudiant au doctorat au Centre de recherche en arthrite de l’Université Laval (ARThrite), à Québec, sous la supervision du Dr Éric Boilard. Avant ses études doctorales, il a obtenu son diplôme de maîtrise en 2020, au sein du même groupe de recherche. Son mémoire portait sur les interactions entre une enzyme endogène bactéricide et le microbiote intestinal et leur rôle dans l’altération de l’homéostasie immunitaire. Avec le soutien de la Société de l’arthrite, il explore actuellement l’incidence de l’interaction entre cette enzyme bactéricide et la flore intestinale sur la gravité de l’arthrite inflammatoire.


Arif Jetha

Conséquences de la pandémie de COVID-19 sur l’emploi de jeunes adultes ayant une maladie rhumatismale au Canada : résultats d’une étude longitudinale

Résumé

Contexte : La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions économiques considérables sur les jeunes travailleurs. Nous nous penchons sur les conséquences de la crise sanitaire sur l’emploi de jeunes adultes ayant une maladie rhumatismale, ainsi que sur les perceptions liées au travail et à la santé.

Conclusions : Les arrêts de travail en début de carrière en raison de la COVID-19 pourrait avoir des répercussions importantes et durables sur le travail et la santé. Le soutien à l’emploi est une stratégie importante pour aider les jeunes adultes atteints d’une maladie rhumatismale à se remettre des conséquences économiques de la pandémie. Plus particulièrement, les stratégies visant à aider ces personnes à trouver et à conserver un emploi devraient être sensibles au genre et tenir compte des iniquités professionnelles.

Biographie

Le Dr Arif Jetha est chercheur à l’Institut de recherche sur le travail et la santé et professeur adjoint à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. Les travaux du Dr Jetha visent à comprendre comment la nature changeante du travail influence l’emploi et les résultats cliniques des personnes atteintes d’une maladie rhumatismale ou d’autres maladies chroniques. Le Dr Jetha s’intéresse surtout à l’expérience des jeunes adultes en début de carrière sur le marché du travail et à ses effets sur les principales transitions au cours de la vie.


Linda Truong

« L’arthrite occupe toujours une partie de mes pensées » : une étude qualitative examinant les attitudes, les priorités et les perceptions des adolescents à l’égard de l’activité physique et de la rééducation par l’exercice après une déchirure du ligament croisé antérieur résultant de la pratique d’un sport

Résumé

Contexte : De nombreuses données indiquent que les activités fondées sur l’exercice (rééducation par l’exercice, activité physique, sport, etc.) sont essentielles à la santé musculosquelettique et pourraient aider à retarder l’apparition d’arthrose après une blessure du ligament croisé antérieur (LCA) chez les adolescents. Malheureusement, des facteurs psychologiques, sociaux et contextuels néfastes sont associés aux blessures du LCA et nuisent à la participation à des activités fondées sur l’exercice même après la période normale de réadaptation. Pour nous permettre de mieux comprendre comment promouvoir la participation à ce type d’activités après la période de réadaptation, cette étude explore et dégage les attitudes, les priorités et les perceptions qu’entretiennent les adolescents à l’égard de la rééducation par l’exercice, de l’activité physique et du sport 12 à 24 mois après une déchirure du LCA d’origine sportive.

Conclusions : Les attitudes, les priorités et les perceptions des adolescents à l’égard desactivités fondées sur l’exercice ont une incidence sur leur participation à la rééducation par l’exercice, ainsi que sur la pratique d’activités physiques et de sports, 12 à 24 mois après une déchirure du LCA. La modification des croyances par le recadrage positif de ces activités et l’exploitation du désir de reprendre le sport et d’assurer la santé à long terme du genou sont des stratégies qui pourraient être importantes pour encourager les adolescents à faire de l’exercice après la réadaptation. De futures études devraient se pencher sur la place des attitudes, des priorités et des perceptions à l’égard des activités fondées sur l’exercice dans les stratégies de réadaptation afin d’aider les adolescents à adopter des comportements favorables à la santé tout en réduisant leur risque de développer de l’arthrose post-traumatique.

Biographie

Linda Truong est une physiothérapeute possédant plus de 10 ans d’expérience en réadaptation sportive, et est étudiante de troisième année au doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique. Ses travaux portent sur le rôle du soutien social après un traumatisme sportif au genou, et sur l’influence de ce soutien sur la participation à la rééducation par l’exercice et la pratique d’activités physiques.


Rachael Manion

Conséquences de la COVID-19 sur les personnes atteintes de psoriasis ou de polyarthrite psoriasique au Canada : principales conclusions d’un sondage national

Résumé

Introduction : Afin de mieux comprendre l’expérience des personnes atteintes de psoriasis ou de polyarthrite psoriasique durant la pandémie, l’Association canadienne des patients atteints de psoriasis (ACPP), le Réseau canadien du psoriasis (RCP) et Unmasking Psoriasis ont conçu un sondage, offert en français et en anglais, visant à comparer l’expérience de ces personnes avant et durant la pandémie de COVID-19.

Conclusions : Les effets de la pandémie sur la santé mentale ont été considérables. La moitié des répondants ont indiqué que leur santé mentale était moins bonne ou beaucoup moins bonne, 57 % ont vécu de l’anxiété, 56 % ont ressenti un sentiment d’isolement, 40 % ont souffert de dépression, et 31 % ont ressenti du désespoir. L’accès des patients aux déterminants sociaux de la santé a également été compromis par la crise sanitaire : 26 % des répondants avaient plus de difficulté ou beaucoup plus de difficulté à accéder à l’emploi et à ses avantages; 24 %, à un revenu stable; 15 %, aux médicaments sur ordonnance; 13 %, aux médicaments en vente libre. Ces données peuvent aider les professionnels de la santé, les groupes de patients et les responsables des politiques à améliorer le soutien offert aux personnes atteintes de psoriasis ou de polyarthrite psoriasique durant et après la pandémie de COVID-19.

Biographie

Rachael Manion est directrice générale de l’Association canadienne des patients atteints de psoriasis et de l’Alliance canadienne des patients en dermatologie. Forte de son expérience comme avocate et consultante, elle adopte une approche stratégique et créative pour améliorer les soins aux patients. Elle est également présidente du Conseil consultatif des patients du Réseau canadien de recherche sur la peau (SkIN Canada).


Hosni Cherif

Nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques pour la dégénérescence des disques intervertébraux et la douleur dorsale

Résumé

Contexte : L’accumulation de cellules sénescentes dans les tissus des disques intervertébraux laisse croire qu’elles jouent un rôle crucial dans le déclenchement et l’évolution de la dégénérescence douloureuse de ces disques. L’analyse de données de séquençage de l’ARN en cellule unique (scRNA-seq) peut nous aider à obtenir efficacement de l’information biologique pertinente et à repérer de nouveaux sous-types de cellules. Dans cette étude, nous avons examiné l’élimination des cellules sénescentes comme traitement potentiel de la dégénérescence des disques intervertébraux. Nous avons aussi réalisé une analyse transcriptomique pour identifier de nouveaux biomarqueurs propres aux cellules du noyau gélatineux et de l’anneau fibreux, ainsi que pour étudier les populations cellulaires des disques intervertébraux.

Conclusions : La compréhension du lien complexe entre la sénescence cellulaire et la dégénérescence des disques, l’inflammation des tissus et les populations cellulaires discales semble cruciale pour améliorer les traitements actuels, qui sont inefficaces.

Biographie

Titulaire d’un doctorat en biologie cellulaire et moléculaire, Hosni Cherif s’est intégré dans le domaine de la colonne vertébrale en 2017 en tant que biochimiste. Il s’intéresse particulièrement au développement de nouveaux agents thérapeutiques pour la dégénérescence des disques intervertébraux et la lombalgie chronique associée. Ses travaux ont pour but de comprendre les mécanismes de la sénescence cellulaire et de la dégénérescence discale, ce qui facilitera la mise au point de nouveaux médicaments modificateurs de la maladie. À long terme, il souhaite contribuer à la découverte de nouveaux biomarqueurs et à la mise au point de meilleurs traitements pour les patients atteints d’arthrose et de troubles vertébraux.


Juan Manuel Colazo

Des plateformes de distribution de petits ARN interférents (siRNA) produites par bio-ingénierie permettent une inhibition prolongée de l’expression de la métalloprotéinase matricielle 13 (MMP13) pour la prévention et le traitement de l’arthrose post-traumatique

Résumé

Contexte : L’arthrose est une maladie chronique invalidante à forte prévalence, pour laquelle il n’existe pas de médicament modificateur de la maladie approuvé. La progression de l’arthrose, et surtout de l’arthrose post-traumatique, est associée à de l’inflammation et à une dégradation enzymatique de la matrice extracellulaire. La métalloprotéinase matricielle 13 (MMP13) dégrade le collagène de type 2 (CII), composante structurelle clé de la matrice extracellulaire du cartilage. Les résidus de la dégradation de la matrice entretiennent ensuite un cycle de dégénérescence. Nous avons synthétisé des nanoparticules pour la distribution de petits ARN interférents (siNP), lesquels ciblent la MMP13, qui se lie à la matrice extracellulaire, pour créer un médicament modificateur de la maladie. Cette nouvelle approche utilise un anticorps monoclonal (mAbCII) qui cible le collagène de type 2 extracellulaire se trouvant uniquement dans le cartilage atteint d’arthrose (mAbCII-siNP). De plus, nous avons conçu un système de transport combiné qui s’appuie sur les propriétés des nanobiomatériaux et des microbiomatériaux. Notre technologie nano-micro consiste en des nanoparticules de siRNA (siNP) qui sont intégrées à des microplaques (μPL) d’acide polylactique-co-glycolique (PLGA) et qui échappent à la dégradation des endosomes. L’intégration aux microplaques permet de créer des siNP‑μPLs pour une inhibition (efficacité) prolongée.

Conclusions : Les deux modèles ont entraîné une inhibition prolongée et localisée de la MMP13, ce qui a eu pour résultat une amélioration considérable du phénotype de l’arthrose post-traumatique. Ces résultats démontrent la capacité unique des modèles de nanoparticules et des modèles combinés nano-micro pour la distribution prolongée de produits biologiques intracellulaires, comme les siRNA.

Biographie

Juan a obtenu un baccalauréat spécialisé en biochimie de l’Université de l’Alberta en 2017. Il a réalisé ses travaux de mémoire de premier cycle dans le laboratoire de biologie structurale du Dr Michael James; ceux-ci portaient sur la catalyse assistée par le substrat des peptidases à sérine. Il a également fait de la recherche, dans une moindre mesure, sur la structure des protéines virales, l’administration de médicaments contre le cancer et la morphogénèse et la virulence de Candida albicans. Il a déménagé à Nashville (Tennessee) aux États-Unis en 2017 pour suivre le Vanderbilt Medical Scientist Training Program (MSTP) et recevoir une formation combinée de médecine et de doctorat, dans le but de devenir médecin chercheur chevronné. Il a effectué une année de formation théorique en médecine et une année de stage clinique avant de se joindre à l’équipe du Duvall Advanced Therapeutics Laboratory (ATL) en 2019. Il a réalisé des recherches cliniques sur les maladies métaboliques osseuses, et ses travaux de doctorat en génie biomédical portent sur l’administration d’acides nucléiques comme agents thérapeutiques pouvant être utilisés dans les cas d’arthrose spontanée, d’arthrose post-traumatique et de polyarthrose.


Laurie Proulx and Karine Toupin April

Élaboration et évaluation préliminaire de l’acceptabilité et de la convivialité du JIA Option Map, outil Web d’aide à la décision pour la prise en charge de la douleur chez les patients atteints d’arthrite juvénile idiopathique.

Résumé

Contexte : Les adolescents atteints d’arthrite juvénile idiopathique (AJI) ont souvent des douleurs qui nuisent à leur qualité de vie. Toutefois, leurs douleurs ne sont souvent pas bien reconnues par leurs professionnels de la santé, et il y a peu de discussions au sujet des options de traitement de la douleur fondées sur les données probantes. Nous souhaitons élaborer un outil virtuel d’aide à la décision pour la prise en charge de la douleur et en évaluer l’acceptabilité et la convivialité de façon préliminaire, en collaboration avec les adolescents atteints d’AIJ, leurs parents et leurs soignants.

Conclusions : L’acceptabilité et la convivialité du JIA Option Map au stade préliminaire sont bonnes; l’outil pourrait donc améliorer la prise de décisions liées au traitement de la douleur en rhumatologie pédiatrique. D’autres entrevues auprès d’utilisateurs des connaissances aideront à optimiser l’application.

Biographies

Laurie Proulx est aux prises avec la polyarthrite rhumatoïde juvénile depuis plus de 25 ans, et c’est son expérience qui l’a poussée à s’impliquer auprès de l’Alliance canadienne des arthritiques (ACA), organisation menée et gérée par des patients. Dans le cadre de sa participation aux activités de l’ACA, elle fait valoir la pertinence des politiques et des pratiques de soins axés sur le patient pour les personnes atteintes d’arthrite. Pendant plus de 10 ans, elle a contribué à la recherche en santé à de nombreuses reprises, comme patiente partenaire. 

Karine Toupin April est professeure agrégée à l’École des sciences de la réadaptation de l’Université d’Ottawa. Elle a une affectation multiple dans le Département de pédiatrie et est affiliée à l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO). Elle détient un baccalauréat en ergothérapie et a suivi des formations de deuxième et de troisième cycles en santé publique et en épidémiologie. Elle possède une expertise dans les domaines de la prise en charge des maladies chroniques, des mesures des résultats déclarés par le patient (MRDP), de la prise de décisions concertée et de la participation des patients en recherche. Ses travaux ont porté notamment sur la rhumatologie chez les adultes et les enfants, et elle possède de l’expérience dans l’élaboration de MRDP, de recommandations pour la pratique clinique, d’interventions d’aide à la décision pour les patients et d’outils d’autogestion. Elle est éditrice pour le Cochrane Musculoskeletal Group et présidente du groupe de travail sur la prise de décisions concertée OMERACT (Outcome Measures in Rheumatology).


Michelle Barraclough

Altération de la connectivité fonctionnelle du cerveau chez les personnes atteintes de lupus érythémateux systémique et incidence de la dépression

Résumé

Contexte : Le dysfonctionnement cognitif et la dépression sont fréquents chez les patients atteints de lupus érythémateux systémique, et ces deux troubles s’influencent mutuellement. Des études examinant l’altération des mécanismes fonctionnels cérébraux chez des personnes atteintes de la maladie durant la réalisation de tâches cognitives ont montré une atteinte du réseau du mode par défaut (MPD). Ce réseau entre en jeu dans l’autoréflexion et le consentement durant les tâches cognitives. Des changements dans le réseau du MPD pourraient indiquer un traitement émotionnel affectant la fonction cognitive. L’objectif de cette étude était d’examiner, à l’aide de l’IRMf au repos, les effets du lupus érythémateux systémique (et plus précisément de l’activité de la maladie) sur la connectivité fonctionnelle dans le réseau du MPD, ainsi que d’évaluer l’incidence de la dépression sur ces effets.

Conclusions : L’altération de la connectivité fonctionnelle dans les noyaux du réseau du MPD était évidente dans les groupes de participants atteints de lupus érythémateux systémique, quelle que soit l’activité de la maladie. La dépression contribue à cette altération, mais celle-ci est davantage attribuable au lupus. L’IRMf au repos pourrait servir de marqueur pour le dysfonctionnement cognitif dans les cas de lupus érythémateux systémique, mais d’autres facteurs, comme la dépression, doivent être pris en compte.

Biographie

Associée de recherche à l’Université de Manchester (Royaume-Uni), Michelle Barraclough s’intéresse au dysfonctionnement cognitif associé au lupus érythémateux systémique et à d’autres maladies chroniques. Elle travaille actuellement à la détermination du phénotype du dysfonctionnement cognitif associé au lupus érythémateux systémique pour mieux comprendre les cibles de traitement potentielles. Elle explore également les mécanismes cérébraux compensatoires des personnes présentant un dysfonctionnement cognitif, et l’incidence de ces mécanismes sur la fatigue cognitive associée à la maladie.

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