Un bon pas en avant : aider les personnes âgées à rester actives et en santé en marchant à l’extérieur
Dans le plus récent sondage de Statistique Canada sur l'exercice chez les personnes âgées, 42 % des répondants disaient marcher à l'extérieur moins de trois jours par semaine. Pourtant, la recherche indique que la marche à l'extérieur, et particulièrement en nature, entraîne des bienfaits tant physiques qu'émotionnels. L'inverse est aussi vrai : des sorties limitées sont indicatrices de fragilité et constituent un facteur de risque d'isolement, de déclin de la mobilité et de diminution de la qualité de vie en lien avec la santé.
« Lorsqu'on parle de marche à l'extérieur, on observe un cercle vicieux, explique la Dre Nancy Salbach, physiothérapeute et épidémiologiste à l'Université de Toronto. Ainsi, certaines personnes âgées craignent de tomber parce qu'elles trouvent ardu de circuler en terrain inégal, par exemple des sentiers sinueux, des zones herbeuses ou des trottoirs endommagés. Alors elles sortent de moins en moins. Cette diminution de l'exercice entraîne une perte de mobilité et une diminution de la forme physique, ce qui peut au bout du compte intensifier la crainte et rendre toute la situation difficile à désamorcer. Plus les personnes sont sédentaires, plus leur état risque de se détériorer. »
Comme la population canadienne vieillit, et que beaucoup de personnes âgées veulent vieillir en santé à la maison et maintenir leur indépendance, il existe un besoin urgent de soutien adéquat pour favoriser le maintien d'une bonne santé. La marche à l'extérieur peut sembler une solution simple à ces enjeux, mais la réalité est en fait plus complexe.
« Nous ne connaissons pas la meilleure stratégie, et par conséquent, le meilleur soutien pour inciter les gens à marcher régulièrement à l'extérieur, indique la Dre Salbach. Il existe peu de données probantes sur ce qui est efficace, particulièrement dans le contexte canadien, avec la température et les structures communautaires locales, et nous voulons combler cette lacune. »
Former et motiver les Canadiens âgés à marcher à l'extérieur
Dre Ruth Barclay
Dre Nancy Salbach
La Dre Salbach, avec la Dre Ruth Barclay de l'Université du Manitoba, a lancé l'étude « Getting Older Adults Outdoors », ou GO-OUT (sortez dehors), pour s'attaquer à ces enjeux. Contrairement aux études précédentes qui tendaient à se concentrer uniquement sur les bienfaits d'un groupe de marche sur la quantité d'exercice réalisée, GO-OUT vise à aider les personnes âgées (65 ans et plus) à développer des compétences de marche et d'équilibre et la confiance d'évoluer dans un environnement extérieur. On s'attendait donc à ce que GO-OUT fasse augmenter non seulement la fréquence des marches à l'extérieur, mais aussi l'activité physique en général.
« La clé pour stimuler la participation au programme : le développement de compétences de marche avec un groupe de pairs dans un espace extérieur agréable, explique la Dre Barclay. Nous voulions bâtir un programme qui répondrait au besoin de confiance des personnes âgées pour marcher et se mobiliser, et qui stimulerait l'envie de sortir fréquemment pour marcher à l'extérieur. »
Aux fins de l'étude, l'équipe a développé des programmes de marche estivale de dix semaines à Edmonton, à Winnipeg, à Toronto et à Montréal. En partenariat avec des organismes communautaires locaux, elle a invité des personnes âgées des quatre coins de la ville à participer à un atelier d'un jour sur les bases de la marche à l'extérieur, par exemple les types de chaussures adaptées, les postures adéquates et les techniques de prévention des chutes. Comme l'équipe de recherche avait prévu de suivre les progrès des marcheurs par le temps passé à pratiquer l'activité et le nombre de pas effectués, les participants ont également dû apprendre à utiliser, à porter et à réinitialiser un podomètre.
« L'activité était entièrement interactive, indique la Dre Salbach. Elle visait à aider les participants à enrichir leurs connaissances et à développer certaines compétences qui leur seront utiles pour marcher de façon sécuritaire à l'extérieur, au moyen d'une série d'ateliers. Les participants passaient de l'un à l'autre pendant la journée et s'exerçaient à des choses diverses, allant de l'établissement d'objectifs à des exercices d'équilibre et de renforcement des jambes, en passant par l'utilisation de bâtons de marche nordique. »
En plus du podomètre, on a remis aux participants un cahier d'exercices facile à utiliser. Ce dernier réunissait les principaux messages, les compétences et les exercices vus pendant l'activité, et devait servir d'outil de référence pour les participants lorsqu'ils appliqueraient leurs apprentissages à la maison.
Après ce premier atelier, les participants de chaque ville ont été divisés aléatoirement en deux groupes :
- Le premier groupe (le groupe « programme de marche ») consistait en un groupe de marche à l'extérieur dirigé par un physiothérapeute ou un kinésiologue, qui se rencontrerait périodiquement pendant dix semaines. Le groupe devait se réunir dans un parc des environs pendant une heure deux fois par semaine pour pratiquer des activités de plus en plus exigeantes, par exemple des parcours en terrain inégal et de la marche à différentes vitesses.
- Le deuxième groupe (le groupe « rappel hebdomadaire ») devait recevoir des appels téléphoniques hebdomadaires pendant dix semaines d'un coach qui aiderait les participants dans leur programme personnel de marche à l'extérieur.
Cette division en groupes allait permettre à l'équipe de recherche de déterminer si ces types de programmes aidaient les participants à augmenter et à maintenir leur pratique de marche à l'extérieur, et si l'un des deux avait plus d'incidence que l'autre.
« Comme ergothérapeutes, la Dre Barclay et moi-même avons de l'expérience dans le développement de ce genre d'activités précises, explique la Dre Salbach. Nous avons utilisé notre expertise et les théories existantes pour établir un plan stratégique qui aiderait les participants à tirer le maximum de bienfaits de cette expérience. »
Réaliser des progrès pour des programmes futurs
L'analyse des données recueillies dans l'étude GO-OUT est toujours en cours, mais l'expérience a déjà permis d'éclaircir un point en particulier.
« Beaucoup de participants à l'étude se sentaient mal à l'aise à l'idée de s'inscrire dans un programme d'exercice s'adressant au grand public », explique la Dre Salbach, soulignant le besoin d'offrir des programmes spécifiquement destinés aux personnes âgées. « Nous avons besoin de programmes qui ciblent avec précision des problèmes propres aux personnes âgées, afin qu'elles puissent faire de l'exercice de manière sécuritaire. De tels programmes les aideront à vivre plus longtemps et en meilleure santé, et leur permettront de poursuivre les activités qui comptent pour elles. »
La Dre Salbach met aussi l'accent sur le besoin de possibilités d'exercices tout au long de l'année, ce qui est un prolongement logique du travail actuel de l'équipe de recherche. « Une fois qu'on a trouvé ce qui fonctionne en été, nous utiliserons la même recette pour développer un programme similaire adapté à l'hiver ».
De façon générale, cette recherche pourrait fournir des données précieuses que pourront utiliser dans leur planification les organismes communautaires, les centres pour personnes âgées, les centres d'entraînement et même les concepteurs de programmes récréatifs municipaux. Avec l'aide de leur partenaire, la Société canadienne de physiologie de l'exercice, la Dre Salbach et la Dre Barclay espèrent faire profiter des résultats de leur recherche et de leur documentation à des personnes qui sauront l'utiliser.
« Idéalement, nous voudrions utiliser tout le matériel formatif et pédagogique qui nous a servi pendant l'étude GO-OUT pour préparer une trousse d'outils à intégrer dans un programme de formation pour les fournisseurs communautaires de programmes d'exercice, poursuit la Dre Salbach. Nous serions ravies de voir des programmes GO-OUT apparaître dans des collectivités de tout le pays; nous voulons donc concevoir du matériel pour favoriser ces initiatives. »
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