Avancées majeures en recherche sur la maladie de Parkinson grâce au financement des IRSC

Dr Peter McPherson

Chaque jour, 60 personnes reçoivent un diagnostic de maladie de Parkinson au Canada, et ce nombre est appelé à augmenter à mesure que la population vieillit. Or, il n’existe toujours pas de traitement pour cette maladie du cerveau.

La recherche d’un remède est difficile, puisque de nombreux facteurs influencent la maladie. Ses multiples causes génétiques et non génétiques font d’elle une maladie incroyablement variée et d’autant plus inquiétante. La maladie se présente différemment d’une personne à l’autre, et il est seulement possible de confirmer le diagnostic avec certitude après le décès de la personne atteinte. Un pathologiste peut alors examiner le tissu cérébral pour détecter la présence de corps de Lewy, des agrégats anormaux de protéines qui se forment dans les neurones.

En s’accumulant, les corps de Lewy tuent progressivement les neurones, ce qui cause les symptômes de la maladie : tremblements, raideurs, difficultés à marcher et à parler, et problèmes d’équilibre.

Toutefois, une récente avancée réalisée par le Dr Peter McPherson et son équipe à l’Institut neurologique de Montréal de l’Université McGill permettra d’éclaircir le lien entre les corps de Lewy et la maladie de Parkinson. L’avancée en question? Cultiver des corps de Lewy en laboratoire.

Les corps de Lewy

« Avant nous, personne n’avait produit de corps de Lewy dans des cellules cultivées en boîte de Petri, affirme le Dr McPherson. Nous pouvons maintenant étudier les corps de Lewy afin de déterminer s’ils entraînent la mort des neurones et provoquent la maladie de Parkinson, ou bien s’ils constituent une tentative des cellules de prévenir leur propre mort face à un autre mécanisme. Nous ne pouvions le faire tant que nous n’avions pas réussi à cultiver des corps de Lewy en laboratoire. »

Si cette découverte contribue à accélérer le diagnostic et à perfectionner les traitements, les médecins pourront ralentir la progression de la maladie et améliorer la qualité de vie des patients.

Sur le campus de l’Université McGill, le Dr Kalle Gehring, biochimiste, étudie les causes génétiques de la maladie de Parkinson. « Chez 80 à 90 % des patients, la maladie de Parkinson est sporadique, et nous n’en connaissons pas la cause, explique-t-il. Les autres cas sont génétiques, et une quinzaine de gènes différents en sont à l’origine. »

Entre autres, le gène PINK1 et le gène codant pour la parkine jouent un rôle dans la maladie de Parkinson génétique. Normalement, ils collaborent pour garder en bonne santé les mitochondries, c’est-à-dire les producteurs d’énergie de la cellule. Lorsque le gène de la parkine fonctionne mal en raison de mutations, il ne peut pas transmettre à la cellule le message lui commandant d’éliminer les mitochondries endommagées. Celles-ci polluent donc le neurone, entraînant la mort de la cellule.

Dr Kalle Gehring

Les mutations du gène PINK1 et du gène codant pour la parkine comptent parmi les causes les plus fréquentes de la maladie de Parkinson à début précoce, qui touche les personnes âgées de 50 ans ou moins.

« Un petit nombre de personnes sont atteintes de cette forme de Parkinson, mais pour elles, cette découverte pourrait mener à un remède », affirme le Dr Gehring.

Son équipe a identifié un composé qui rétablit le fonctionnement normal du gène de la parkine. Le Dr Gehring explique toutefois que le composé n’est pas actuellement utilisable comme traitement, mais qu’il travaille à la mise au point d’autres composés qui fonctionnent de la même manière et qui « se prêtent mieux aux traitements médicamenteux ».

La recherche sur la maladie de Parkinson progresse lentement, mais chaque avancée mérite d’être célébrée. Le Dr McPherson rappelle que les corps de Lewy ont été découverts au début des années 1900 et qu’aujourd’hui, plus de cent ans plus tard, « nous ne savons toujours pas s’ils sont toxiques ou protecteurs ». C’est pourquoi l’investissement des IRSC dans la recherche sur la maladie de Parkinson et d’autres affections neurologiques est essentiel pour mieux comprendre ces maladies complexes. La cultivation réussie de corps de Lewy en laboratoire par le Dr McPherson et la recherche du Dr Gehring sur les mutations du gène PINK1 et du gène de la parkine témoignent de la façon dont le financement des IRSC ouvre la voie à des recherches innovantes de calibre mondial.

En bref

L’enjeu

La maladie de Parkinson est un trouble du mouvement pouvant être causé par des centaines de facteurs génétiques et aléatoires. Il n’existe aucun remède.

La recherche

Le laboratoire du Dr Peter McPherson est le premier au monde à avoir réussi à produire des corps de Lewy dans une culture cellulaire. Le Dr Kalle Gehring, pour sa part, a découvert un composé qui rétablit le fonctionnement normal du gène codant pour la parkine. Leurs découvertes pourraient faciliter le diagnostic de la maladie de Parkinson et mener à de meilleurs traitements, voire un remède.

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